Lodge LesDauphins, Bubaque (archipel des BIJAGOS), Guinée-Bissau

Fabuleux Cobia des Bijagos! Par J.M.Decazes et J.Bel (nov. 08)

 

Cobia! Cobia!

Le cobia des Bijagos, fabuleux et si peu connu. 


Par Jean-Marie Decazes et Jeannot Bel.


Le pêcheur sportif qui ramène au campement un joli cobia est assuré de produire son petit effet. Sur lui-même d'abord car il aura à coup sur passé un bien beau moment de pêche. Sur ses compagnons de voyage qui - hormis les habitués - verront éventuellement pour la première fois cette bête à l'étonnante silhouette. A vrai dire sur les habitués aussi qui en iront de leur "bravo pour le cobia". Enfin sur l'ensemble des convives qui le soir même se régaleront d'une des chaires les plus estimées des gastronomes amateurs de poissons de mer.

Les ouvrages décrivent le cobia comme une sorte de moyen terme entre requin et rémora. Pas facile d'y comprendre quelque chose et bien malin celui qui est capable d'imaginer le résultat! Mieux vaut se reporter à une photo... Une chose est sure, le poisson est pour le moins original de sorte que les savants ont créé un genre spécial dont il est le seul représentant : Rachycentron canadum (Linné, 1776). On le trouve dans toutes les eaux chaudes du globe. Les Bijagos constituent une destination réputée pour ce poisson au même titre que la Floride ou les records tournent autour de 50 kgs pour des poissons vieux d'une dizaine d'année. Pratiquement de muscle à l'état pur. Les anglosaxons lui donnent à l'occasion des noms d'usage plutôt flatteurs: black kingfish , black runner...

"Cobia! Cobia!" Quand le marinero annonce la couleur, la tension et l'excitation montent immédiatement de plusieurs degrés dans le bateau. Il faut comprendre que cela signifie "préparons nous à nous mesurer à un adversaire puissant, acrobatique, expert en tête-à-queue et autres voltes faces, navigant du fond à la surface et retour si besoin, intelligent, et courageux".  Et puis il y a l'effet de surprise. Car si le cobia est bien présent dans l'archipel il n'est nulle part stationné en abondance et en permanence. Les gros spécimens sont plutôt solitaires, les plus petits aussi mais il arrive par contre qu'ils se groupent en bandes plus qu'en bancs. Il y a certes des sites de pêche ou il s'en prend plus régulièrement qu'ailleurs, mais il n'est pas vraiment possible de dire "aujourd'hui je pars pêcher le cobia" comme on va au gros requin ou à la carangue au popper. En revanche il est possible d'augmenter les chances de combattre un cobia. D'abord en pêchant au fond au posé. Cette pêche n'est pas nécessairement la préférée des grands sportifs mais il est clair que dans l'archipel le poisson se prend essentiellement de cette façon. Ensuite en péchant au vif. Certes il est parfaitement possible de prendre un beau cobia sur un demi mulet, mais si le poisson a le choix il choisira généralement la daurade vivante. En réalité un pagre à points bleus de petite taille et il est souvent nécessaire de patienter un moment avant que la palangrotte ne ramène une daurade suffisamment petite, la majorité étant une ou deux tailles trop grandes. Curieusement le cobia qui pourrait en engamer de bien plus grosses n'a pas l'air d'en vouloir. Un de nos meilleurs marineros brise à la pince les rayons de la dorsale du vif pour le faire nager davantage sur place et de façon désordonnée ce qui tendrait à prouver que les poissons blessés sont les premiers candidats pour le menu du cobia.

 Les livres scientifiques expliquent que le cobia est avant tout un mangeur de crabes. La structure de sa bouche manifestement plus faite pour broyer que pour attraper et retenir des poissons en pleine course est concordante avec cette propriété. Cela veut également dire que le poisson a certainement la capacité de recracher. Je me souviens d'une malheureuse daurade pendant comme une cabine de téléphérique au niveau de l'émerillon après avoir remonté le bas de ligne, recrachée à toute force par un cobia venu en surface. Le pauvre vif a alors une allure assez caractéristique, plus ou moins écrasé et écaillé dans son ensemble mais sans grande section ni entrailles profondes de dents séparées et écartées. A l'inverse si le cobia ne recrache pas aussitôt, n'ayant pas de longues dents pour retenir, il avale pour de bon et certains poissons sont pris profondément. Dans l'archipel des Bijagos le cobia a la réputation d'être un grand mangeur de petites raies et l'analyse du contenu de l'estomac de certains cobias capturés a montré la présence de dards non digérés. C'est fort possible. Pour notre part nous avons maintes fois monté en vif de petites raies qui avaient eu la mauvaise fortune de se faire prendre à la palangrotte pendant une journée de pêche au posé et cela ne nous a jamais rapporté de prise ni même de touche de qui que ce soit.

La touche n'a rien d'extraordinaire et les premières secondes sont bien moins bruyantes qu'avec un beau barracuda pris au posé. Mais rapidement les choses changent. Le cobia prend la fuite avec une puissance étonnante et un beau poisson d'une vingtaine de kilos va vous arque bouter sur la canne et peut vous vider une bonne partie du moulinet. De façon caractéristique le point d'entrée du fil dans l'eau s'écarte progressivement du bateau, la trajectoire du fil s'horizontalise. Dès lors de diagnostic de cobia est pratiquement certain. Quelques secondes plus tard c'est le spectacle en surface: bouillonnement, gros remous, voltes-faces, sauts. Comme  la nageoire dorsale comporte une section constituée de 7 à 9 épines courtes et tranchantes, il est important que le bas de ligne acier soit assez long. Sinon il y a fort à parier qu'au cours de ces acrobaties le nylon finira par passer entre les épines. C'est le première belle occasion de casse. Ensuite la lutte devient en règle générale plus "classique" pendant quelques temps, la puissance que le poisson conserve au fil du temps étant tout de même hors du commun. A l'approche du bateau, lorsque le cobia va voir la coque pour la première fois, le pêcheur a intérêt à se tenir prêt. Bien souvent le poisson qu'on croyait fatigué fait un tête à queue et repart violemment. Une autre belle occasion de casse. Et on ne sait jamais pour combien de temps il est reparti car, à vrai dire, il est bien difficile de sentir quand un cobia est "fini" et les combats à épisodes ne sont pas rares.

Aux Bijagos les "jolis" cobias tournent autour des 20 kilos. Mais il en existe certainement de bien plus gros. Jeannot se souvient avoir vu un soir un beau requin qui chassait en surface et s'être approché silencieusement. Erreur c'était un cobia... Au campement des Dauphins le record est de 40 kgs, détenu par notre ancien guide de pêche Jean-Christophe Lanchier. Le poisson a été pris derrière Anguruma, à 10 minutes de bateau du campement! Comme quoi, autour de Bubaque, il n'est pas forcément nécessaire de faire des heures de navigation pour trouver les beaux poissons...

 

Bibliographie: B.Seret et P.Opic. "Poissons de Mer de l'Ouest Africain Tropical". ORSTOM, Paris 1997;

Contact: DHD Voyages, 8 rue Paul Cézanne F-75008 Paris, 01 42 89 32 64.

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16/11/2008
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